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Channel: Commentaires sur : Politique Friction du 1er Mai 2012 : Opinion, Vérité et élections par Bruno Bertez
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Par : bruno bertez

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Jeudi 3 Mai 2012

De-lire le débat ou le débat des délires

Si vous n’aimez pas nos délires, passez tout de suite à autre chose de plus conventionnel. Le présent texte constitue une quintessence de tout ce qui peut nous être reproché.
Nous soutenons très souvent que la finance est une névrose, un discours faux, pas totalement bien sûr, plaqué sur une réalité qui se dérobe.
Comment en est-on arrivé là? En remplaçant le réel de l’économie par des signes, des constructions théoriques, des discours plus ou moins vrais, plus ou moins faux, plus ou moins efficaces. Efficaces, non parce qu’ils sont vrais, mais parce qu’ils sont crus: les choses humaines sont ainsi faites que, par leur prise dans le langage, elles peuvent être vraies ou fausses et, en même temps, inefficaces ou efficaces. Vrai, faux, efficaces, inefficaces ne se recouvrent pas. Entre deux, il y a tout l’épaisseur des perceptions, des interprétations, des déformations.
Notons en passant dès maintenant que des choses fausses peuvent être efficaces au niveau social, au niveau des relations entre les hommes mais, en même temps, avoir des conséquences réelles négatives, voire dramatiques.
Ce que nous voulons pointer, c’est le fait que l’efficacité du discours névrotique au niveau social, au niveau des interrelations ne garantit pas l’adaptation au monde réel, au contraire. Plus une société est prise dans sa névrose, ou ses névroses, et plus elle est inadaptée. La névrose de la solidarité, celle de l’égalité, ne garantit pas l’adaptation du groupe aux conditions extérieures, son progrès ; elle garantit en revanche des relations confortables, harmonieuses, au sein de ce groupe.
La fonction de la névrose est de permettre une fuite hors de la réalité. Elle est un moyen d’éviter de s’adapter à une nécessité réelle, pénible, désagréable, angoissante.
La névrose est une tentative de replacer la réalité insoutenable, indésirable, par une réalité fantasmatique plus conforme au désir. La névrose met de l’infini sur du fini, de l’éternel sur le mortel, elle rompt le lien entre le signe et ce qu’il est censé exprimer. Elle rend tout falsifiable au nom du principe de plaisir ou au nom de l’évitement du déplaisir. A la différence de la psychose, disons que la névrose conserve un lien avec la réalité. Ne soyons pas pessimistes.
La névrose fonctionne par négation, déplacement, remplacement, répétition. Voire bouc émissaire.
Le remplacement du réel par le discours névrotique, fantasmatique, est une opération banale qui constitue pour ainsi dire la trame de la vie quotidienne. La société excelle à produire des névroses, à les entretenir, nous ne sommes pas loin de penser que c’est son mode de fonctionnement privilégié. La névrose touche tout, la vie quotidienne, la mémoire, qui est, comme dit Kandel, reconstruction de reconstruction qui change en permanence.
Dans le présent qui nous intéresse, la finance, la politique, nous pointons la névrose comme le moyen privilégié de nier les limites, la finitude, la rareté. Le moyen de prolonger un mode infantile, de débouter la réalité, de ne rien se laisser interdire.
Vous voyez bien sûr le lien avec la création monétaire infinie, le crédit, l’accumulation des dettes, les free lunchs, les « demain on rase gratis » de toutes sortes. Et autres, tout est possible, tout est permis.
L’enfant, comme le participant des marchés, comme l’électeur, veut à tout prix prolonger son état infantile, il veut continuer à refuser d’obéir, il s’organise psychiquement pour faire face, pour supporter ce qui le brime, ce qui l’angoisse, ce qui le prive.

Les marchés, la finance, la politique, fonctionnent ainsi et nous dirons que ce qui est plébiscité par les peuples, c’est ce qui va dans le sens de sa névrose. Ne franchissez pas le pas et ne nous faites pas dire ce que nous ne disons pas: celui qui réussit le mieux en politique, c’est le plus névrosé.
D’où le comportement des bourses malgré la crise d’appauvrissement en cours.
D’où le vote plébiscitaire des électeurs pour ceux qui partagent, entretiennent la même névrose qu’eux.
La névrose se moque des catégories que sont la fausseté, le mensonge, le travestissement ; elle ne s’alimente que du refus des limites, refus de la privation ; elle s’alimente de la volonté de continuer à jouir, à éviter l’angoisse.
Le problème de la névrose, c’est la réconciliation avec la réalité. La névrose ne garantit pas la meilleure adaptation, ni même la survie…

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